[Test] Chaos;Child

Article mis à jour le 11 octobre 2023.

Chaos; Child est un titré écrit et développé par 5pb et Images. Ce visual novel s’inscrit dans la collection Science Adventure, des titres dont le scénario parfois rocambolesque se voit pourtant justifié par de plausibles notions de physique et de biologie. Chaos; Child est le 4ème épisode de cette collection, après Steins: Gate, Robotic:Notes (jamais traduit du japonais) et Chaos; Head (préquelle également non traduite de ce Chaos; Child). Etant passé par la case études scientifiques durant ma jeunesse, j’avais adoré Steins Gate, et j’ai donc jeté mon dévolu sur ce Chaos; Child, une aventure explorant le monde de la psychose et de la bipolarité, et dont le concept est de proposer au joueur de vivre l’aventure en ayant le pouvoir de décider entre réalité et visions délirantes.

Test Chaos;Child PS Vita
Le lycéen que l’on incarne est SDF, et vit dans une caravane depuis la mort de ses parents dans un tremblement de terre.

Certains visual novels avaient réussi à me retourner l’esprit en changeant ma vision du monde. Chaos; Child fait très certainement partie de cette courte liste. Je ne sais pas trop par quel bout attaquer le test de ce jeu, une fois rappelé qu’il s’agit d’une aventure littéraire un peu à la façon des « livres dont vous êtes le héros ». Est-il mieux d’expliquer ce que j’ai ressenti, de raconter le synopsis, ou de détailler le caractère des personnages ? J’ai choisi de vous narrer une partie de l’histoire afin de vous faire goûter (un peu) ce qui vous attend dans ce Chaos; Child.

L’intro, sobre et aux couleurs très sombres, nous conte une fiction se déroulant dans une Tokyo contemporaine. Comme vous la savez probablement, l’archipel nippon est un endroit qui subit fréquemment séismes et autres secousses sismiques. Rien d’inhabituel donc à commencer l’histoire par le récit du déroulement d’une de ces catastrophes. En général, les habitants passent à autre chose aussitôt que possible, préférant se concentrer sur la reconstruction, le futur.

Mais cette fois-ci, le séisme va marquer les esprits, nourrissant théorie du complot, fantasmes d’expérimentations scientifiques et craintes de fin du monde. Qu’il y a t-il donc de différent ? Il se trouve qu’au delà des dégâts matériels et des blessures, le sinistre événement aurait laissé des marques auprès de tout une génération : un traumatisme psychique aux effets proches du « syndrome de la guerre du golfe » est en effet constaté chez les enfants qui étaient présents dans la zone de la secousse. Cela se traduit par des comportements suicidaires, schizophréniques ou encore des désordres mentaux de type bipolaire.

C’est sur ces explications que l’histoire de Chaos; Child démarre gaiement, en nous faisant partager, six ans après les événements, quelques tranches de vies de quelques-unes de ces victimes.

WARNING : paragraphe spoiler

Test Chaos;Child PS Vita
Vous reprendrez bien un petit verre de rouge pour accompagner votre fromage ?

Ootani est un webmaster et otaku ayant fait fortune. Il est également streamer à mi-temps. Un beau jour, durant une diffusion il part quelques secondes dans sa cuisine pour se préparer quelques restes traînant dans le frigidaire : un peu de fromage, hmm, c’est pas terrible mais c’est mieux que rien pour un accroc des jeux vidéo qui ne remplit jamais son frigo. L’avantage du fromage, c’est que c’est un aliment rapide à préparer, qui se découpe facilement en tranches. A part que Ootani a beau essayer de toutes ses forces, le fromage ne se coupe pas! La violente migraine laisse penser qu’il est en proie à des visions. Et soudain, on se prend à se demander ce qui se passerait si le jeune homme n’aurait pas confondu le morceau de fromage avec une partie son corps ? Quelques minutes de lectures et on comprend que le public du streamer a bien assisté en live à un suicide où le gars mange ses propres organes. C’est glauque, c’est choquant et ainsi que l’aventure commence!

/Fin du spoiler 

Cette première scène annonce la couleur (…en l’occurrence le rouge sombre, qui va colorer régulièrement tout l’écran). Le scénario parvient en quelques minutes à mettre le joueur dans un état entre malaise certain et curiosité intense. J’ai particulièrement apprécié de rentrer immédiatement dans l’intrigue et de ne pas devoir subir une exposition souvent longuette dans les jeux du genre. En comparant à Steins:Gate, l’écriture de Chaos;Child apparaît bien plus tournée dans le style horrifique / angoissant que scientifique.

Test Chaos;Child PS Vita
Un screenshot du fameux site de forum anonyme @chan

A la différence du roman traditionnel, les visual novels offrent souvent des phases interactives dans lesquelles les joueurs ont la possibilité de choisir l’évolution de l’histoire. Ici on pourra choisir si les visions et les hallucinations morbides de ces enfants du chaos prennent le pas sur la réalité. Je n’ai pas eu la possibilité d’expérimenter les différents arcs scénaristiques alternatifs conditionnés par ces choix, puisque j’ai choisi de préalablement terminer le jeu pour essayer ensuite de prendre de nouveaux chemins. Et avec une durée de vie annoncée de soixante heures, ça représente un investissement certain. Ce que je sais c’est donc qu’il est possible de changer le cours du jeu et d’obtenir une fin « réelle » et d’éviter certains événements tragiques en faisant les bons choix…

chaos child artwork
Les artworks en CG sont de qualité constante.

Chaos;Child se présente comme un VN très classique, dans la moyenne haute des canons du genre, avec une réalisation de très belle facture. Le doublage audio est en VO japonaise et ne souffre pas trop de l’effet parfois « exagéré » de certains anime, l’ambiance générale restant dans un ton très teinté de tragédie. La traduction en anglais littéraire est fort bien soignée, et c’est un soulagement de voir qu’un véritable traducteur a bossé sur cet aspect (ce qui n’est hélas pas toujours le cas des localisations euro, wink wink Ys VIII !). Soyez avertis si vous n’êtes pas à l’aise avec la langue du pire des cheiks : l’anglais utilisé est d’un niveau plus soutenu que les baragouinages parfois basiques de certains titres.

chaos child earthquake
On retrouve avec plaisir la patte sobre et classieuse des graphistes qui ont déjà officié sur Steins:Gate

Coté visuels, les animations et habillages graphiques soutiennent impeccablement le déroulement de l’histoire même si on les aurait souhaités un peu plus nombreux. Un peu triste en effet de revoir des artworks réutilisés entre plusieurs scènes différentes). L’interface est stylée, et les commandes de lectures fort pratiques. Moi qui aime lire, et qui suis en même temps accroc à la « sous-culture » internet, j’ai retrouvé avec plaisir les codes de cette communauté : les étudiants évoluent dans un monde connecté fictif constitué de réseaux sociaux (type Twitter) alimentés par des geeks, des bots et des trashmedia (façon buzzfeed). Bien que fictifs, les noms de ces services sont plus qu’évocateurs : Twitter, @chan ou encore les wikis meublent la vie des étudiants de Chaos;Child. Une bonne idée, qui comme dans Steins:Gate (qui partage d’ailleurs bon nombre de ces références fictives) renforcera l’immersion des lecteurs et leur identification au héros du jeu.

Enfin, le joueur se retrouve parfois à devoir réussir des épreuves interactives pour faire avancer l’enquête. Ces petites séquences dénotent une réalisation poussée, même si on ne s’éloigne pas du classicisme et des frontières établies pour le genre. Bref c’est bienvenu, même s’il ne faut pas s’attendre à des séquences délirantes façon Danganronpa

chaos child board puzzle
À certaines occasion, il faudra résoudre des puzzles qui perdront les joueurs qui n’auraient pas été assez attentifs…

Au final, Chaos;Child se révèle être un excellent thriller interactif. Bouleversant, parfois dérangeant mais aussi très intriguant, il se dévorera avec passion à condition d’être à l’aise avec la langue anglaise. Chaos;Child est le pendant tragique de Steins:Gate, une sorte de version sombre des aventures de lycéens japonais. Son rythme est haletant, son style est soigné, et sa durée de vie faramineuse : ça fait donc plein de bonnes raisons pour conseiller l’essai de ce visual novel, que ce soit pour améliorer son niveau de lecture, pour compléter sa collection de titres de la saga Sciences Adventures, ou tout simplement pour ressentir des sensations choc que ne renieraient pas les romans d’horreur les plus angoissants… Vous serez prévenus !

Chaos;Child

29,99€
7.8

Univers

8.0/10

Graphismes

7.0/10

Audio

7.0/10

Gameplay

7.0/10

Durée de vie

10.0/10

Les plus

  • La traduction effectuée par de véritables professionnels
  • Des frissons dignes d'un thriller
  • une intrigue qui captive dès les premières minutes de jeu
  • Des animations et des menus qui complètent une très bonne finition générale

Les moins

  • Des scènes pouvant parfois être choquantes
  • Des dialogues qui s'étalent parfois

CollecZone

Blogeur trentenaire, mon rêve d'enfance était de devenir testeur de jeux vidéo. Mes domaines de prédilection : l'arcade, les shmups, et les jeux d'aventures. Quand les batteries de ma Vita sont vides, je rédige des billets sur mon blog perso ou sur planetevita.fr !

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5 commentaires sur “[Test] Chaos;Child

  1. Merci pour la review. Je voulais savoir, est-il est préférable de jouer/(ou regarder) Chaos;Head avant de jouer à Chaos;Child ou non ?

  2. Je l’ai fait également sans rien connaître à l’animation. Sur le jeu, c’est un visual novel correct mais très inégal : des moments prenants puis des longueurs à n’en plus finir. On a quelquefois la caricature des mauvais côtés des VN avec 20 lignes de dialogues qui amènent faussement un rebondissement qu’on a compris depuis déjà 10 minutes.
    Mais le fond et l’atmosphère restent intéressants. Je cherche un VN à la hauteur des 2 Steins gate.

    1. Merci pour vos réponses ! Au final j’ai telechargé chaos;head (je savais pas qu’il y avait un patch anglais) en plus d’avoir acheté chaos;child, je ferai les deux comme ça :’)

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