Test réalisé à partir des versions japonaises PS4 et PSVita, sur une partie complétée de 35h de jeu (dont 12h de new game+) |
Un des plus gros lancements de ces dernières années pour Gust avec près de 90’000 exemplaires vendus en quelques jours, Nights of Azure a immédiatement pris beaucoup d’importance dans le portefeuille de licences de KoeiTecmo. Une suite est bien entendu mise en chantier, mais le report sine die de Nights of Azure 2 fin 2016 fait naître certaines interrogations. Egalement occupé sur la série Atelier et Blue Reflection, le développeur de Nagano pouvait-il mener à bien trois licences en simultané ?
Nights of Azure 2 a une relation chaotique avec le premier épisode. Il commence exactement de la même manière : Aluche reçoit le titre de Templier avec pour mission d’escorter la prêtresse Liliana vers son lieu de sacrifice. Aluche n’est évidemment pas tranquille à l’idée de sacrifier son amie d’enfance, même s’il s’agit là de sauver le monde de la très menaçante Reine de la Lune. Dès lors, Aluche ira à l’encontre des ordres donnés par l’Eglise et cherchera à détruire la Reine de la Lune par ses propres moyens.
Le joueur ayant terminé le Nights of Azure original risque d’être perdu par l’histoire de cette suite. Car le fait est que si Nights of Azure 2 imite sa préquelle, il en est relativement déconnecté. L’histoire de ce deuxième volet fait un très mauvais travail d’explication sur les liens qui existent entre les deux épisodes : d’où vient la Reine de la Lune ? Comment Arnice, l’héroïne du précédent titre, en vient-elle à passer du côté « obscur » ? De très nombreux éléments sont peu ou pas précisés par la narration. Il faut souvent se rabattre sur l’encyclopédie interne dans le menu pour comprendre un peu mieux…
Indépendamment du premier épisode, c’est en réalité l’ensemble de la narration qui pêche par un manque de richesse manifeste. Le scénario ne va guère plus loin que la recherche et la confrontation avec la Reine de la Lune, tous les autres éléments abordés au long de l’aventure étant notoirement sous-utilisés : l’Ordre de Rurune agit à peine, l’Eglise n’a plus aucun rôle et l’histoire des alliés manque de détails. L’intrigue torturée et l’univers riche du premier n’est plus qu’un souvenir. On sent qu’il y a un excellent socle narratif sur lequel on pouvait bâtir une histoire qui prend aux tripes, mais il n’y a pas assez de travail en amont pour donner corps à l’histoire dans un ensemble où tout s’enchaîne beaucoup trop vite. Par exemple, le lien qui unit Aluche et Muveil est quelque chose de fort, mais aurait mérité plus de cutscenes et bien davantage de background pour que l’on puisse vraiment suivre leur relation avec passion. Long d’une vingtaine d’heures, Nights of Azure 2 paraît tout simplement trop court pour conter une grande histoire de RPG.
Limité dans son scénario principal, Nights of Azure 2 joue donc la carte des histoires secondaires à vivre pour chaque personnage. En plus de Liliana, ce ne sont pas moins de 6 autres filles qui vont partager leurs sentiments avec Aluche, puisque le thème de la série reste le yuri, à savoir l’attirance entre femmes. C’est relativement nouveau par rapport au premier qui était totalement concentré sur Arnice et autorisait peu de contenu annexe. On pourra donc périodiquement avancer sur l’une ou l’autre des histoires propres à ces partenaires en validant différentes quêtes qu’elles vous demandent. Ces quêtes restent assez banales, à savoir emmener ledit personnage à tel endroit ou aller éliminer quelques démons avec elle. Ce ne sont que des prétextes pour faire avancer la relation entre Aluche et son alliée, relation qui malheureusement la plupart du temps n’est pas très étoffée et on ne peut que soupirer devant l’insuffisance des dialogues. Comme dit plus haut, il manque toute une dimension de prologue ainsi qu’éventuellement plus de flashbacks mieux placés pour donner une sensation épique.
Côté gameplay, on retrouve les combos mélangeant les touches carrée et triangle déjà présents dans le premier, et du reste maintenant communs à de nombreux Action-RPGs japonais. Cependant, on note un peu plus de variations possibles dans ce nouvel épisode, et donc une action un peu plus riche. Les boutons sont en outre paramétrables, idéal pour ceux qui voudraient retrouver leurs habitudes d’autres jeux.
Le joueur a toujours à sa disposition d’autres armes : l’épée à deux mains, l’épée de cristal, le grand bouclier et le bouclier-miroir. Hélas, l’épée à deux mains et l’épée de cristal sont absolument identiques (Aluche fait les mêmes mouvements). Les deux boucliers sont eux aussi étrangement semblables… En outre, le système de changement d’arme n’est pas pratique (voir plus bas), ce qui empêche de profiter pleinement de ces épées vraiment puissantes. Donc au final au niveau de l’armement, on est là encore moins bien loti que dans le premier. Mais le gros problème qui subsiste depuis le précédent, est que les coups manquent toujours grandement d’impact, débouchant sur une action molle qui risque de démotiver le joueur. Mêmes les combats de boss présentaient fort peu d’intérêt, ce qui est une grosse déception par rapport à Nights of Azure qui proposait pourtant des mécaniques de combats originales à ce niveau-là.
Le gros plus de Nights of Azure 2 est le tag battle, en ce sens que vous allez choisir une alliée pour vous seconder à chaque sortie. Chacune a ses propres capacités spéciales, partagées entre attaque et défense. Liliana peut par exemple réanimer Aluche d’un KO, bien utile quand on sait que celui-ci coûte très cher étant donné le temps limité. Elle peut également augmenter les stats offensives pour une dizaine de secondes. Plus centrée sur l’attaque, Veruschka peut achever un ennemi d’un seul coup au hasard ou causer de gros dommages aux alentours. A cela il faut aujouter deux jauges qui autorisent des attaques plus puissantes : le Double Chase et le Lily Burst, deux types d’attaques combinées qui causent un maximum de dégâts dans le camp d’en face.
L’univers est composé de plusieurs environnements indépendants les uns des autres eux-mêmes découpés en petits secteurs assez plats, si l’on excepte les rares pièges qui de toute façon ne sont jamais très pénalisants. Une progression assez banale et un level design sans idées qui tranche avec le monde de Nights of Azure qui était lui davantage interconnecté. Le temps à chaque sortie de l’hôtel est toujours limité : vous avez 10 à 20 minutes pour avancer dans le monde extérieur, exactement comme dans le premier. Le principal changement vient du fait que vous êtes également limités en jours, comme dans la série Atelier! Chaque sortie consomme un jour, marqué par les phases de la lune. Si celle-ci atteint le stade nouvelle lune (face entièrement sombre), la partie est terminée.
Il est donc nécessaire de bien organiser ses sorties, en particulier si l’on veut compléter le plus possible de quêtes annexes, et de guerroyer efficacement, car chaque KO vous ramène à la base. Fort heureusement, chaque boss principal vaincu fait reculer les phases lunaires et dans le pire des cas, le jeu propose de recommencer le chapitre en cours afin de ne pas avoir à tout refaire depuis le début. Le souci est que, comparativement à Atelier, il y a très peu de marge de manœuvre et atteindre le niveau d’amitié maximal n’est pas facile. Sans connaître les conditions à l’avance, ceci vous envoie tout droit vers la mauvaise fin. Il faut alors tout recommencer en new game +, car les erreurs dans Nights of Azure 2 ne se rattrapent pas.
Nights of Azure 2 réintroduit les Servants, ces monstres gentils vous accompagnant sur la carte pour vous seconder. Là encore les changements ne sont pas forcément positifs. Déjà, vous n’avez plus que deux Servants au lieu de quatre groupes de quatre dans le précédent! Le deck de monstres n’existe donc plus, et tout l’aspect stratégique qui en découlait s’est complètement évaporé : vous ne pouvez plus répartir les rôles de manière aussi inventive que dans Nights of Azure. Et ceci d’autant plus que les Servants ont maintenant des nouveaux rôles : libérer le passage en neutralisant certains obstacles et se transformer eux-mêmes en arme pour Aluche. Les Servants sont cachés dans plusieurs recoins des cartes, souvent derrière un obstacle. Par conséquent, pour récupérer tous les Servants, il faut obligatoirement avoir en permanence les Servants capables de déblayer le passage, ce qui fait que les autres sont de facto inusités. C’est particulièrement embêtant pour le système d’armement. En effet, on a tellement rarement sur soi les Servants adéquats qu’on aura peu l’occasion d’utiliser leur transformation en armes. Autre conséquence de l’abolition du deck de monstres, Aluche ne peut pas se transformer comme le faisait Arnice. Cette particularité qui était pourtant l’une des grandes forces du gameplay de Nights of Azure est partie dans la corbeille avec le reste…
Dans le trailer diffusé début juillet, Gust avait mis en avant les efforts consentis pour améliorer la version PSVita. Promis, ils n’allaient pas la bâcler comme le précédent volet! Une fois la portable de Sony en main, force de constater que la finesse des graphismes est nettement améliorée, mais il faut encore se contenter d’un frame-rate en-deçà des espérances et supporter quelques brusques ralentissements. Beaucoup d’effets de lumière sont sacrifiés, le clipping est plus important, mais le jeu parvient à tourner suffisamment bien (notamment au niveau des animations) pour assurer des sessions de jeu confortables en extérieur.
Gust a eu beau le repousser de huit mois, rien n’y fait. Appauvri sur le plan du gameplay et souffrant d’une narration sans substance, Nights of Azure 2 ne transforme pas l’essai. Y avait-il vraiment besoin de mettre en chantier une troisième version du jeu à mi-parcours? Car en sortant un jeu aussi peu abouti, qui rejette les qualités du premier sans apporter des innovations fortes, Gust et KoeiTecmo portent un coup d’arrêt très net à une licence prometteuse. Assez ironiquement, Nights of Azure 2 représente la version Vita en progression d’un titre lui-même en forte régression…
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heu par contre il y a un gros plagiat de votre test sur celui de JVC …
Bonjour, nous t’invitons à lire la bio de l’auteur en fin de test 🙂