Article mis à jour le 15 septembre 2019.
En 1995 j’avais exactement 10 ans. A l’époque la « trouadé » balbutiait sur nos TV avec celle que tout le monde appelait à tort la PSX dans les cours de récré. Et aujourd’hui je peux vous dire qu’il y a un paquet de mecs qui se la ramènent en mode « c’était mieux avant« , « c’était l’âge d’or du jeu vidéo« , bla bla bla.
La côte des jeux augmente, les fabricants se dépèchent tous de sortir leur version « mini » à base de Raspberry, alors que pendant ce temps les développeurs bien outillés ont les moyens de créer des jeux en 3D en trois coups de cuillère à pot ! Du coup des mecs malins ont tenté le coup : faire un jeu avec les standards des années 1990, mais pour les consoles modernes. Faire un jeu qui sent bon le CD-ROM et les cartes 3DFX.
Allez hop, sortez les sacs bananes et les walkmans, l’heure est venue de se plonger dans le test de Back In 1995 sur PS Vita !
L’horreur, dans tous les sens du terme
Back In 1995 reprend donc les codes qui faisaient le succès de l’époque. De ce coté là, l’arsenal est a peu près complet, et les gars du marketing auraient été certainement ravis : de la 3D texturée, des voix numérisées, un système de combat en temps réel avec de multiples armes, de nombreuses énigmes à résoudre, le tout dans un univers effrayant inspiré des plus grands thrillers SF du cinéma !
Si l’expression « c’était mieux avant » est en train de naitre dans votre cerveau en lisant ces lignes, attendez la suite.
Car ce dont les marketeux de l’époque n’étaient pas fier, Back In 1995 en hérite aussi.
Les commandes ? Un seul stick. On pousse pour avancer, ou tourne pour tourner sur soi même. Le héros se déplace ainsi à peu près comme un tank qui aurait de l’arthrose.
La caméra ? Automatique mon bon monsieur ! Soigneusement placée par le level designer, ce qui fait que la moitié du temps, on se dirige dans le mauvais sens, et l’autre moitié du temps on est bloqué parce qu’on voit à peine notre perso.
Et on a coutume de dire que les jeux rétro étaient plus difficile qu’aujourd’hui. C’est certainement vrai. Back In 1995 m’a fait comprendre que ce n’est pas parce qu’ils demandaient plus de skill ou plus d’intelligence.
C’est surtout qu’avec des points de sauvegarde éparses, et des loadings de plusieurs minutes (heureusement meublées grâce à la présence d’une icone de CD qui tourne sur lui même) il ne fait pas bon explorer en mode « try and die ». Et pas de chance, car comme dans la plupart des jeux Ratalaika (ou alors c’est aussi pour faire comme à l’époque, je ne suis pas sûr) le système de combat souffre d’un lag omniprésent et… variable.
Difficile d’appréhender les hitbox, ou de savoir si l’animation de tir au pistolet qui dure 2 secondes aura touché sa cible ou non. Le jeu rappelle Alone In The Dark, un titre ou tout est d’une lenteur assomante.
Quant aux énigmes, elles sont bien dans le style du siècle dernier : basées sur des clés pour débloquer des portes, et des digicodes absurdes qui nous font recopier des chiffres et essayer plein de combinaisons au pif pour se souvenir des évènements in-game passionants comme la date d’anniversaire du chat ou le numéro de matricule du cuisiner.
Enfin, l’ambiance repose sur trois notes d’un synthé samplé. Et aussi sur les textures baveuses et buggées, avec des couleurs choisies dans une palette marron-kaki-rouille très tendance ! Oui, Back In 1995 est une horreur, euh, je veux dire un vrai jeu d’horreur, pur jus, authentique, du début jusqu’à la fin.
Passe to back d’abord !
Donc voilà, un quart de siècle plus tard, j’ai ma PS Vita entre les mains, dont chaque icône sur l’écran d’accueil me rappelle les heures fantastiques passées à platiner des jeux époustouflants, à partager des moments en ligne épiques, et à prendre des claques monumentale dans des jeux d’aventures trépidants.
Et à coté, il y a aussi Back In 1995 qui, sorti du contexte, est a peu près à l’opposé en terme d’expérience de jeu.
Quand j’avais 10 ans, j’aurais certainement plané si j’avais vu ça tourner sur mon écran ! ll y a ce je ne sais quoi de passionant à explorer toutes les portes de ces buildings au gris banal. Il y a cette mini montée d’adrénaline quand l’ennemi met une minutes à traverser la pièce pendant que l’on regarde le héros qui recharge son revolver.
C’est bien là tout le génie du créateur de ce jeu : Back In 1995 n’est pas là pour faire la compétition avec Resident Evil VII, bien au contraire.
Il permet simplement aux gamers de se projeter dans leur passé. On n’est pas en train de repenser au passé, on est carrément en train de revivre des souvenirs d’antans.
Back In 1995 ne laisse pas indifférent. Je pense que la vraie question n’est pas de savoir si j’ai aimé ou non ce jeu. L’art n’a pas pour vocation d’être beau, et l’oeuvre de takaaki_ichijo (l’unique développeur du jeu) s’inscrit pleinement dans cette démarche.
Back In 1995 est unique : il éveille en nous des souvenirs, et ce d’une manière bien plus belle que les étalages de vendeurs spécialisés retrogaming sur les brocantes.
En quelques mots…
Back In 1995 est un jeu inspiré de Alone in The Dark, Fade To Black ou Resident Evil. Ses contrôles atroces, ses graphiques pâles et ses couloirs vides nous rappellent le fantasme de la réalité virtuelle à l’époque ou le jeu vidéo n’était qu’une activité artisanale.
Sa médiocrité aurait pu faire de ce jeu un véritable hit sur les consoles Philips CDi ou sur l’Atari Jaguar. Mais le propos de l’auteur est surtout de nous replonger dans cette époque révolue, quand les polygones texturés suscitaient l’émerveillement et les joysticks étaient encore le symbole de la modernité.
Je ne le recommanderais pas aux jeunes joueurs, mais il saura pour sûr trouver son public parmi les plus nostagiques d’entre nous.
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Merci pour ton test, je ne sais toujours pas quoi penser de ce jeu, si c’est un délire à prendre au second degré ou juste du foutage de gueule. Je vais attendre de recevoir ma version physique pour voir ça de plus près 😀
Test très sympa à lire. J’ai hésité à le prendre en physique… et j’ai passé mon tour. On verra si PA remet quelques exemplaires en stock comme ils ont l’habitude de le faire après quelques mois. Parce qu’au final, je commence à regretter de ne pas l’avoir pris.