Test réalisé à partir des versions japonaises PS4 et PSVita |
Que se passerait-il si on donnait le pouvoir aux artistes plutôt qu’aux professionnels du jeu vidéo? Blue Reflection vient donner des éléments de réponse à cette situation incongrue, car l’homme fort du dernier jeu de Gust n’est autre que Mel Kishida, le génial illustrateur des Atelier version Arland. L’homme peut-il conduire Gust une nouvelle fois vers la voie du succès?
Hinako est une jeune fille brisée : son rêve de devenir ballerine professionnelle s’envole lorsqu’elle se fait une blessure irrémédiable à la cheville. Errant tel un fantôme dans son nouveau lycée. Elle est par conséquent prise de court quand elle s’aperçoit qu’elle a le pouvoir de rentrer dans l’esprit de ses camarades afin de résoudre leurs angoisses. Hinako est une magical girl : elle se transforme et revêt une robe pleine de frou-frou, avec certaines capacités à la clé.
Entraînée par ses comparses magical girls Yuzu et Raimu, Hinako va poursuivre dans cette voie et pour cause, car son vœu le plus cher sera réalisé à l’issue de la confrontation contre les genshu, entités démoniaques en guerre contre l’humanité depuis toujours. Le quotidien de la jeune fille va alors consister à vadrouiller dans l’école en quête d’autres filles à « guérir » psychologiquement.
A cet effet, les trois héroïnes sont transportées dans le Comon, monde spirituel formé par l’inconscient collectif, un peu comme le Mementhos de Persona 5. Là, le jeu vous demandera de vaincre 1, 2, 3 ou 4 ennemis du même type, ou de récupérer des fragments ici et là sur des cartes plutôt étroites, pour ne pas dire minuscules. Ca ne va hélas pas plus loin que ça.
Blue Reflection est un JRPG au tour par tour, avec timeline sur laquelle l’ordre d’action des personnages et des monstres évolue en temps réel, un peu comme dans Child of Light en fait. Les combats ont trois paramètres : HP, MP et Ether. Si les deux premiers sont bien connus, l’Ether est la grande particularité de Blue Reflection car il est source de tout un tas d’avantages. Par exemple, l’Overdrive permet à une des trois filles de lancer plusieurs techniques ou sorts dans le même tour, en échange d’une bonne quantité d’Ether : c’est l’atout rêvé pour se soigner tout en continuant à attaquer.
En faisant de petites quêtes secondaires, vous allez pouvoir récupérer des fragments. Ceux-ci peuvent être équipés sur une capacité pour en maximiser les effets : renforcer les soins, absorber des HP/MP ou décupler la puissance d’attaque quand le niveau d’Ether atteint un certain seuil (50, 40 ou 30%). Ces fragments fonctionnent comme les capacités passives des Atelier du même développeur, et permettent de constituer une stratégie globale assez poussée, bien que nettement moins complexe que dans l’autre série de Gust.
Mais l’innovation la plus intéressante de Blue Reflection est sans conteste l’Active Command. Entre les tours, vous aurez à chaque fois 1 ou 2 secondes pour appuyer sur la croix de direction, les différents sens entraînant divers effets. En restant appuyé, vous aller booster la défense, la vitesse ou soigner vos personnages mais en contrepartie, votre niveau d’Ether descend en flèche ! La gestion de l’Ether est donc primordiale et il faudra souvent garder une des filles en défense pour faire monter celui-ci. Etant donné sa rapidité, ce système embarque un bon dynamisme et s’intègre remarquablement bien aux combats de boss (voir plus bas).
Comme un Persona, Blue Reflection contient un grand nombre de personnages secondaires non jouables, et comme Persona, Hinako pourra les inviter à papoter ou à sortir en ville. Toutes ont un niveau d’amitié à faire grimper qui dépend assez grandement des réponses que vous donnez, donc il y a un petit côté yuri sim qui étoffe un peu le contenu annexe. Le souci est que contrairement à Persona, les filles du lycée ici n’ont pas toutes un grand charisme, ni une histoire personnelle fouillée ou originale.
La seule dans ce cas fut Yuri : dotée d’un QI hors normes et d’un syndrome rare, c’est de loin le personnage que j’ai trouvé le plus amusant et l’histoire secondaire qui m’a le plus touché (plus que l’histoire principale qui manquait vraiment de rebondissements). Je me souviens à peine des autres (sauf peut-être Shio et l’humour bizarre derrière qui était pas mal), tant les personnalités manquaient de relief, et la très grande rareté des doublages n’a pas aidé. Le jeu est quasiment muet, c’est fatiguant et ça invite à l’ennui. Ce genre de jeu nécessite des doublages plus complets pour se plonger dedans, donc un plus grand investissement aurait été souhaitable.
Le bon point de ce jeu par rapport à Persona est que les alliées sont présentes lors des combats de boss. On pourra faire appel à elles relativement souvent et elles apparaissent avec une petite animation rigolote et des effets sur l’équipe formidablement utiles. Les copines peuvent attaquer, soigner, réanimer, augmenter l’attaque et surtout vous rajouter de l’Ether! De plus, elles sont affectées par la progression de l’affrontement : elles peuvent prendre peur et fuir si le combat tourne mal, et revenir comme si de rien n’était quand vous reprenez la main. On est assez ravi, pour le coup, d’avoir une vraie intégration des personnages secondaires dans le gameplay.
Les boss. C’est la plus grande réussite de Blue Reflection car ces combats sont super bien réalisés. Aux étapes importantes de l’histoire, les imposants genshu s’avanceront irremédiablement vers l’école afin de la rayer de la carte, tels les shito d’Evangelion. La créature avance concrètement durant le combat, et si elle atteint votre ligne de défense, c’est perdu. Et à mesure que la menace se rapproche, la musique change, l’expression des personnages aussi. C’est de la très bonne mise en scène, et tout particulièrement dans les cinématiques juste après que Hinako donne le coup de grâce au cours d’une petite scène digne des plus grands shows magical girl. Des moments très cools visuellement mais qui n’amènent pas l’avancée narrative espérée.
Ces combats sont plutôt longs, complexes aussi, car le boss a plusieurs parties qui se régénèrent : il faut bien veiller à les détruire régulièrement car elles attaquent elles aussi. Malgré cette réussite, les combats restent assez simples, à l’image du jeu. Même le mode difficile ne résiste pas vraiment au joueur expérimenté qui aura maîtrisé le fonctionnement des fragments et de l’Active Command. Blue Reflection est finalement une expérience assez légère au niveau du gameplay : pas de game over (hormis les boss), l’expérience est glanée par la complétion des quêtes et non par les combats, et des affrontements dans le Comon qui sont vite fastidieux.
Magnifique sur PS4, Blue Reflection est plutôt correct sur PSVita. J’ai d’ailleurs joué en cross-save jusqu’au bout. Les graphismes étaient vraiment très bons, sauf certains arrière-plans pas très « propres ». Le seul vrai problème était l’animation en combat puisque le jeu ramait assez violemment sur les skills les plus tape-à-l’oeil. Ça ne remplace pas la version PS4 évidemment puisque l’intérêt est avant tout visuel, mais c’était un bon accompagnement. Aucun enjeu au final, puisque KoeiTecmo Europe à lâchement abandonné la PSVita sans crier gare, après des années à vanter leur soutien à la console. Carrément triste, mais business is business…
Blue Reflection est un jeu fétichiste. Cela avait été suggéré lors du teasing du jeu donc pas de surprise à ce niveau-là. Le soin apporté à la réalisation sert aussi à ça, à savoir, mater les filles au corps superbement modélisé sous des angles et avec des costumes suggestifs. Il est amusant de constater que le choix « faire des étirements » le soir chez Hinako débouche avec 100% de probabilité sur une scène de piscine! Il y a beaucoup de scènes de ce genre, incluant les douches, les vestiaires, les vêtements trempés sous la pluie… Le maillot de bain (costume pour se promener dans les couloirs de l’école) était carrément offert en bonus de pré-commande pour tous les personnages. Très clairement Blue Reflection vend son fan service et il le fait plutôt bien.
Dans l’absolu, Blue Reflection est un RPG très moyen. Voilà ce qui arrive quand l’artiste prend le pas sur le producteur : le jeu est plutôt contemplatif, pas formidablement bien écrit et inégal dans son expérience de jeu. Et le fait que KoeiTecmo n’ait pas véritablement investi dedans n’aide pas. C’est en fait comme une galerie d’art : on aimera à certains endroits, sans vraiment s’attarder sur les autres. Pour ma part, je suis ressorti satisfait de ce jeu car la claque graphique (sur PS4) et artistique était bien là, donc je verrais plutôt le verre à moitié plein.
___________________Laisser un commentaire
Restez au courant de l'actualité de la PS Vita en vous inscrivant à notre newsletter.
bien le copié/collé de JVC ?
On te laisse regarder le nom de l’auteur sur les deux sites mais aussi vérifier également les dates de publication. Bisous.
J’ai eu également l’honneur de publier sur JVC. Merci pour ta double lecture.