[Test] Ys VIII Lacrimosa of Dana

Article mis à jour le 25 mai 2020.

Test réalisé à partir d’une version japonaise, sur une partie complétée de 45h de jeu.

Ys VIII est sorti le 15 Septembre 2017 en Europe sur PS Vita & PS4 en version cartouche et numérique. Le jeu est intégralement en français pour les textes et en anglais ou en japonais pour les voix.

 

Après un pari réussi sur Tokyo Xanadu qui, en dépit d’un nom existant, était de facto le lancement d’une nouvelle licence, Falcom revient sur une de ses franchises historiques avec Ys VIII Lacrimosa of Dana. Ce nouvel épisode a une saveur un peu particulière car il s’agit vraisemblement du dernier jeu Falcom sur PSVita, l’éditeur ayant tranché pour une exclusivité PS4 du dernier volet de la trilogie Legend of Heroes Trails of Cold Steel.

Déjà présent dans les précédents Ys, l’aventurier rouquin Adol Christin est une nouvelle fois au centre de cet action-RPG. Voyageant tranquillement à bord du navire Lombardia, ce dernier se retrouve encore une fois en pleine embrouille puisque le bateau est attaqué par un monstre marin, qui le coule sans ménagement. Adol se réveille sur une île déserte qu’il n’aura aucun mal à reconnaître : il s’agit de l’île maudite de Seiren, bien connue pour causer la disparation des navires passés un peu trop près.

L’intrépide explorateur n’a guère qu’une épée rouillée en main pour survivre dans une nature hostile dont personne n’est jamais revenu. Il va donc chercher d’éventuels rescapés et forme très vite un petit groupe avec Laxia, une aristocrate douée au fleuret et le modeste pêcheur Sahad. Rejoints par le capitaine et son éternel pote Dogi, ils fondent le village des naufragés pour construire un semblant d’organisation dans les contrées vierges.

Dans son sommeil, Adol aura des visions d’une prêtresse prénomée Dana. Bien que vivant à une époque éloignée, Dana sent un lien avec Adol et va chercher à influer sur le futur. Se retrouvant chaque nuit dans l’esprit de l’autre, Adol et Dana vont se compléter pour tirer au clair les mystères de Seiren, un peu comme si Falcom avait écrit Your Name avant l’heure. Le joueur suit donc les histoires de Adol et Dana en parallèle, jusqu’à ce qu’elles se connectent avec brio pour relancer le scénario et aller chercher des enjeux supérieurs comme tout bon JRPG. La partie de Dana fut particulièrement remarquable sur le plan émotionel, avec des étapes de narration bien trouvées et un sens fort donné aux scènes importantes.

Tel un Indiana Jones vidéoludique, vous allez explorer les nombreuses parties de l’île les unes après les autres. Précisons d’entrée que (enfin) la mini-map est désactivable et qu’on peut, si on souhaite une progression plus old-school, s’orienter uniquement via la carte générale de l’île consultable via la croix de direction gauche. Et vous allez en avoir besoin : Ys VIII est l’un des univers les plus étendus et les plus riches jamais créés sur PSVita. Forêts denses, nombreux vestiges en ruines, terrain boueux, grottes sombres, monts abrupts et même passages sous-marins, la progression apporte sans cesse du neuf et donne le sentiment véritable d’une aventure comme nulle autre.

Bien que le jeu reste un peu linéaire (la carte ne se s’ouvrant que très progressivement), la topographie du terrain plutôt complexe fait qu’on se perd plus qu’à son tour. La verticalité est très impressionnante : plusieurs passages se font à flancs de montagne, sur des parois hérissées ou dans une tour sans fin. On est aussi ralenti ou conduit à faire des détours par l’environnement parfois hostile. On râle, on peste contre cette nature capricieuse, mais on s’accroche, car le bonheur de l’exploration est déjà là. C’est sûr, Ys VIII a des petits airs de Xenoblade. Tout cela d’autant que rarement une bande originale aura autant porté le joueur dans son gameplay, on est vraiment porté dans sa course par des morceaux comme Lost in Green ou You’ll See the End of the Tales, et il y en a au moins 20 comme cela.

On aura également un sourire devant les merveilles naturelles de Seiren, puisque Falcom reprend à son compte le système de discoveries tel qu’on peut le voir dans Tales of Zestiria. L’esprit pionnier continue en dehors de l’histoire prinicipale puisqu’il faudra revenir dans les endroits déjà visités avec de nouveaux objets d’exploration (la plume qui permet le double saut, par exemple) et des renforts parmi les habitants du village pour accéder à des zones cachées ou inaccessibles jusqu’alors, et ainsi découvrir de nouveaux secrets. Ys VIII n’oublie pas non plus les loisirs grâce au mini-jeu de pêche disponible tout au long de l’aventure : il s’agira de trouver les endroits poissonneux de Seiren et de ferrer les nombreuses espèces dont quelques très rares.

Capture PS Vita en version japonaise

Pour progresser dans l’histoire ou dans les quêtes annexes, vous aurez besoin de déplacer des rochers ou autres troncs d’arbres obstruant le passage. Cela ne peut se faire que si le nombre d’habitants au village des naufragés est suffisant : il faudra donc retourner chaque coin de l’île afin de localiser les survivants. Chaque nouvel arrivant apporte de nouvelles quêtes ou des services bien utiles à votre aventure : Alison proposera par exemple ses talents de couturière pour vous confectionner des nouveaux habits et accessoires, Catherine établira la forge et Dina le troc. Car évidemment sur une île déserte, il n’y a pas de monnaie! Il faut gérer son inventaire par des échanges de ressources naturelles plus ou moins rares, afin de réunir les matériaux nécessaires à l’amélioration des armes et à la confection de l’équipement défensif.

Capture PS Vita en version française

Jeu Falcom oblige, ces personnages secondaires comme les héros sont à la fois variés, détaillés et nombreux : de nombreux événements parallèles au scénario donnent de la profondeur à l’histoire et offrent l’opportunité d’explorer la personnalité de chacun des intervenants, comme doit le faire un bon JRPG. On trouve pas mal de mini-histoires pour illustrer les quêtes annexes, ce qui les rend souvent plus intéressantes que la moyenne. En particulier, vos alliés directs font l’objet d’une emphase particulière (plus que le très muet Adol d’ailleurs) et des récits qui suscitent souvent l’empathie du joueur. L’histoire de Hummel en particulier est assez remarquable… Ys VIII possède aussi cet humour si particulier des JRPG, où les situations avec des tirades incongrues surgissent au moment où on les attend le moins. Hummel est un parfait exemple, avec l’incroyable rigueur qu’il applique pour exercer son (curieux) métier au beau milieu d’une île déserte. On observe donc après bien des réussites dans le domaine, que Falcom est bien maintenant l’un des rares dépositaires du JRPG classique quand d’autres peinent à conserver cet esprit.

Les combats se présentent comme de l’action-RPG à la Dragon Quest Heroes : un combo standard de trois coups faibles sur carré et jusqu’à quatre techniques plus puissantes (mais qui consomment des Skill Points) à activer via un bouton de tranche. Le saut, le dash, la garde et surtout l’esquive viennent compléter la palette de commandes. Les capacités de tranche, ou skills, sont plutôt variées, pêchues et dérivent des différentes armes, elles aussi uniques, utilisées par les six personnages jouables. Dana possède par exemples deux immenses chakras qu’elle peut lancer ou faire danser dans d’amples combos, en plus des puissants sorts élémentaires qu’elle maîtrise en tant que prêtresse. Hummel peut lui effectuer différents types de tirs avec son fusil, etc. Bonne nouvelle enfin pour ceux qui aiment leurs petites habitudes : tous les boutons sont reparamétrables pour un maximum de confort de jeu.

Si on parle du système de combat, il faut s’arrêter un instant sur l’esquive et la garde. Effectuer une esquive ou une garde une fraction de seconde avant une attaque a les effets respectifs de ralentir l’action ou de rendre critique tous les coups de votre personnage. Deux phénomènes qui donnent tout deux une période d’invincibilité : vous êtes libres de bourriner l’adversaire sans ménagement pendant un court instant. Un coup à prendre pour triompher des modes de difficulté élevés, et une grande technicité qui ravira les amateurs de sensations fortes. En mode normal comme pour Tokyo Xanadu, le challenge de Ys VIII est modéré. Le mode difficile est en revanche cette fois plus coriace car les dégâts encaissés sont importants, les possibilités de soin plus limitées, et les états anormaux bien plus pénalisants, obligeant le joueur à gérer rigoureusement son équipement. Pour ne pas freiner inutilement la progression, le jeu propose un système de récupération : arrêter son personnage un moment lui permet de récupérer des points de vie, ceci n’étant en revanche pas effectif dans les donjons. Enfin et comme dans Legend of Heroes Trails of Cold Steel II, les monstres se montreront plus ou moins résistants en fonction du type d’arme utilisé. Il ne faudra donc pas hésiter à changer de personnage afin de causer un break, c’est-à-dire l’immobilisation temporaire de la cible.

Le bestiaire de Ys VIII est impressionnant : entre mammifères pléthoriques, créatures aquatiques, golem mystiques et dinos antiques, les combats sont à chaque fois réinventés et, fait rare, on croise rarement le même type d’ennemi deux fois. Un signe supplémentaire témoignant de l’extraordinaire richesse du RPG de Falcom, qui en plus de cela renferme de nombreux boss inventifs aux comportements d’attaque variés. Résistants et agressifs, les dinosaures de Falcom aussi vont vous en faire voir de toutes les couleurs, et en particulier dans les missions de défense du village.

En effet, les monstres ne tardent jamais à s’amasser autour du village des réfugiés, et ce sera à vous de les repousser. Ces séquences se déroulent comme un mode survie : les bêtes arrivent par vagues et il faut à tout prix les empêcher de briser la porte d’entrée. Les ennemis arrivent de tous les côtés, il faut tirer dans le tas avec acharnement pour repousser les assaillants. Défouloir garanti. Il sera également possible de fortifier les défenses en posant des barricades et des pièges de plus en plus perfectionnés pour endurer les assauts.

Quand certains choisissent de s’éloigner du JRPG classique, Falcom lui s’en approche toujours plus. Avec ses personnages attachants, son système de combat à toute épreuve, sa bande-son remarquable, ses multiples quêtes et son monde plein de richesse, Ys VIII s’adresse directement aux puristes qui sont fidèles au genre depuis 15 ou 20 ans. Immersif et passionnant à bien des égards et malgré quelques défauts mineurs, c’est une véritable cure de jouvence dont on ressort comblé.
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Ryuzaki57

Adorateur des JRPGs devant l'éternel et de jeux vidéo japonais en général, on me trouve aussi parfois dans des FPS, fusil sniper à la main. Écrire est une passion première pour moi : les arcanes du langage me fascinent, surtout en japonais, langue que j'ai commencé a apprendre en 2003. Je veux participer à un monde où tous les jeux, du plus grand au plus petit, puissent être respectés et reconnus à leur juste valeur. NOTE : J'interviens aussi de temps à autre sur jeuxvideo.com. Donc si vous voyez un test identique, PAS DE PANIQUE!

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10 commentaires sur “[Test] Ys VIII Lacrimosa of Dana

      1. Tout dépend aussi de l’âge et de l’habileté du joueur, je suis sur l’épisode 1 de Dragon Quest Builder depuis environ 3 mois, qui dit mieux !? 🙂 Bon en même temps je passe pas mes journées dessus, mais quand même 🙂

  1. Information importante sur la version vendu par Micromania, sur la jaquette il est bien indiqué Français pour les sous-titres & japonais pour l’audio, Attention ! Rien de tout ça sur la carte du jeu ! Il faut aller sur le PSN pour récupérer le patch « audio-langues » il y a quelques pack gratuit pour des magies et tenue pour Adol aussi. Bon jeu à tous! Mais trop honnête comme indication de la part de Micromania !

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