Article mis à jour le 14 juillet 2023.
Quoi de plus normal pour un manga où tout le casting se fout sur la gueule pour un oui ou pour un non que d’engendrer des jeux de combats ? La plupart des séries ont eu un ou plusieurs titres dédiés à leur gloire (et à celle du bourre-pif) : Dragon Ball, JoJo’s Bizarre Adventure, Hokuto No Ken, YuYu Hakusho ou encore Saint Seiya. One Piece n’a pas échappé à la règle et se plie une fois encore à l’exercice cette fois-ci sous l’égide de Spike Chunsoft, déjà développeur d’un J-Star VS en demi-teinte, pour le compte de Bandai Namco.
Le seigneur des pirates, mais pas des jeux de baston…
Depuis quelques années, One Piece a détrôné le roi Dragon Ball sur le podium des mangas les plus lus. Rien de plus logique donc à voir Luffy et sa bande envahir à nouveau le petit monde du jeu vidéo, après les nombreux jeux sortis sur cette licence. Ainsi sur PS Vita, après avoir tâté du jeu d’action mâtiné d’exploration dans Unlimited World Red, du Musou-like dans les Pirate Warriors 2 et 3, et une timide apparition dans J-Star Victory VS+, l’équipage du chapeau de paille s’attaque enfin au Versus Fighting. Tout le monde veut sa part du gâteau, quitte à livrer des produits en deçà des espérances.
Les vidéos de présentation du jeu étaient vraiment alléchantes avec des personnages en cel shading immenses et dont les attaques semblaient toutes droit sorties de l’anime. Une fois le jeu en mains, malheureusement, la réalité se révèle moins enthousiasmante. Le gameplay, qui aurait mérité de la profondeur et de la finesse, semble tout droit sorti d’un Smash Bros : un bouton pour les coups normaux, qui peuvent donner lieu à un combo de base si les pressions sont répétées, un bouton pour les coups dits uniques, un bouton de garde qui sert également d’esquive, la gâchette gauche pour les coups spéciaux, la gâchette droite pour le pouvoir logia ou haki et le stick droit pour l’attaque ultime. Ici, pas de quart de cercle, de demi-cercle, de haut-bas-gauche-droite ou de custom combos. Les attaques ont des priorités relativement aléatoires : on ne sait pas toujours pourquoi l’un ou l’autre prend le dessus.
Le jeu s’adresse en priorité aux joueurs occasionnels et aux fans pas trop regardants. Les amateurs éclairés de baston feront quant à eux le tour des possibilités offertes en quelques heures et pourront donc sans peine passer leur chemin.
Non seulement les possibilités sont réduites mais l’IA très limitée rend la chose encore moins passionnante. Très rapidement, le joueur chevronné se rendra compte que l’ordinateur ne connaît qu’un ou deux schémas d’attaque et que le meilleur moyen de le vaincre, en particulier en difficulté élevée, sera d’esquiver son offensive et de contre-attaquer. On atteint en quelques combats les limites du gameplay et les joutes deviennent alors particulièrement monotones. Ajoutons à cela un choix de game design hasardeux qui a consisté à placer la caméra en contre-plongée dans le dos du personnage joué.
Si cela donne un certain sentiment de nouveauté et de dynamisme aux combats, le concept devient frustrant dès lors que l’on commence à se déplacer dans les arènes. Souvent, l’adversaire se retrouve masqué à la vue du joueur, que ce soit par le personnage incarné ou par les éléments destructibles du décor. Il est rageant, dans ces cas-là, de se prendre des tirs sortis de nulle part, faute d’avoir pu les voir arriver.
La confusion qui règne parfois lors des combats est amplifiée par des mini cut-scenes qui se déclenchent lors des combos avec changement d’angles de caméras, plans rapprochés et tout le toutim. Si les fans de One Piece seront ravis d’observer leurs personnages préférés en gros plan, la redondance de ces effets et l’impossibilité de les désactiver irritera sans doute les autres. C’est d’autant plus dommage que le jeu est propre techniquement.
Bien que la version Vita, forcément moins aboutie visuellement que la version PS4, pâtisse d’un effet de flou dû à des textures à la résolution faiblarde, le jeu affiche un framerate constant quelle que soit la situation. Entre les textures façon 3DS et la modélisation parfois honteuse (il faut voir le Gum Gum Kong Gun de Luffy avec son bras géant taillé à la serpe), Burning Blood n’est pas franchement beau mais il a le mérite d’être fluide à tout moment. Bref, c’est coloré, ça bouge bien mais graphiquement, les concessions étaient inévitables.
En route pour East Blue !
Découpé en quatre épisodes d’une petite dizaine de combats chacun, le mode histoire de Burning Blood s’attache à faire revivre la Guerre au Sommet pour sauver Ace des griffes du Gouvernement Mondial. Du fait qu’il n’y a qu’un seul lieu pour ce chapitre, le joueur se retrouve donc à se battre dans des arènes très similaires les unes des autres et à revivre certains combats plusieurs fois en jouant les différents personnages qui y ont participé.
On a du mal à saisir l’intérêt d’une telle narration alors qu’il aurait été infiniment plus intéressant de revivre l’épopée One Piece depuis ses débuts jusqu’à la saga Dressrosa, comme dans Pirate Warriors 3.
C’est d’autant plus incompréhensible que le jeu affiche un casting royal et regorge de personnages issus du dernier arc en date : Bartolomeo, Sabo et Koala notamment. Les cinématiques en cel shading sont superbes, mais les images fixes tirées de l’anime sont assez laides et tranchent nettement avec le reste. Au final, la question mérite d’être posée : pourquoi avoir bâclé le mode histoire ? Paresse des développeurs, ou bien problème de droits ou encore volonté de réserver les autres arcs narratifs à d’hypothétiques suites ? On ne le saura sans doute jamais, même si j’ai ma petite idée.
En tout cas, cela fait du mode histoire une simple formalité dont on se débarrasse avec soulagement une fois terminé pour mieux s’attaquer au cœur du jeu via les autres modes.
Si on met de côté l’histoire paresseuse, niveau contenu, les petits gars de Spike Chunsoft ne se sont pas moqués de nous. One Piece Burning Blood propose en effet la panoplie complète des options indispensables à tout jeu de baston digne de ce nom. Il est ainsi possible de jouer des matchs versus contre l’ordinateur ou contre des joueurs humains en local comme en ligne.
Le online étant stable, les joueurs adeptes des joutes à distance trouveront sans doute leur compte. Petit plus amusant hérité des jeu de VS fighting compétitif, les combats en ligne permettent de gagner des titres et emblèmes afin de se la péter grave sur le net. Mais les modes les plus riches sont le mode Wanted et le mode Capture de drapeau. Le premier s’apparente à une liste de missions à mener à bien : vaincre un adversaire avec un personnage en particulier, placer une attaque précise dans le combat, etc… Si les premiers défis sont plutôt aisés, la difficulté se corse vite. Les derniers défis mettront parfois le joueur face à six voire neuf adversaires à la fois. Malheureusement, comme dans les autres modes de jeu, la difficulté est artificiellement gonflée et tient principalement à la quantité de vie énorme et à la force hors-norme dont disposent les ennemis.
Cela laisse un arrière-goût amer d’injustice car même en étant très bon, il est possible de perdre pour peu qu’on fasse une seule petite erreur durant le combat.
Le mode Capture de drapeau, ajouté via une mise à jour à la sortie du jeu, est sans doute le mode le plus intéressant du lot : il permet au joueur de rejoindre un équipage et de prêter allégeance à un drapeau, puis de combattre pour permettre à son équipe de gagner des territoires. Le conflit s’étale sur plusieurs jours au cours desquels il n’est pas possible de changer d’allégeance.
Sur le modèle des jeux en free-to-play qui existent en masse sur smartphones, le joueur dispose d’une jauge, appelée log pose, qui se décharge plus ou moins à chaque déplacement ou combat, et qu’il est possible de recharger en patientant ou en s’acquittant d’une certaine somme en beli. Quant aux combats en eux-mêmes, ils sont globalement similaires à ceux des autres modes et vous mettront face à un, deux ou trois adversaires dirigés par l’IA ou, plus rarement, à un joueur humain.
Face à l’ordinateur, la difficulté sera corsée : les adversaires pourront vous mettre au tapis en deux combos tandis qu’il sera extrêmement difficile d’entamer leur barre de vie. Celle-ci est en effet nettement supérieure à la vôtre, ce qui rend dangereux même l’adversaire le plus inoffensif.
Conclusion
Pour résumer, le constat est très mitigé. One Piece Burning Blood est agréable à l’œil et globalement réussi techniquement. Mais c’est aussi un jeu qui se repose un peu trop sur la renommée flatteuse de la série, dont l’univers foisonnant et bariolé se prête parfaitement au genre des jeux de combat. Il propose un gameplay paresseux et superficiel dont les puristes du versus fighting feront vite le tour.
Sans surprise, ce jeu s’adresse avant toute chose aux fans du manga, mais il laissera probablement sur leur faim tous ceux qui rechercheront un jeu de combat qui les occupera sur la longueur. N’est pas Street Fighter n’importe quel jeu qui le veut…
PetitVer est l’auteur de ce test, qu’il a proposé pour publication à l’équipe du site PlaneteVita.fr
C’est un joueur passionné par la PS Vita, qui aime terminer les jeux qu’il commence.
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Merci pour ce test !
Très bon jeu de combat mais UJIQUEMENT pour les FANS du manga, les autres vous pouvez ignorer la suite en toute logique.
Merci pour ce test.. mais j’ai une petite question ; est ce que ce jeu est cross plateform? peut on jouer contre des joueurs qui ont la version ps4?