Article mis à jour le 15 novembre 2020.
Test réalisé à partir d’une version japonaise fournie par Planète Vita. |
Le visual novel est un genre nettement plus complexe que je ne l’avais imaginé en m’y lançant fin 2018. Plutôt confiant après avoir débuté par le très bon Sakura Sakura, je me rends compte qu’il ne suffit pas d’avoir un bon illustrateur et de charmantes doubleuses pour mettre dans le mille.
Making Lovers vous met dans la peau d’un freeter, c’est-à-dire d’un japonais qui fait des petits boulots pour vivre sans être assujeti à une entreprise. Celui-ci est plutôt satisfait de son mode de vie banal, mais ses parents le sont beaucoup moins. Ni une ni deux, ces derniers lui ordonnent d’aller se trouver une copine.
Cette entrée en matière est d’ailleurs assez drôle : les répliques à l’intérieur de la famille du héros sont hilarantes, avec les parents se victimisant sans cesse et la petite soeur Ako surprotectrice vis-à-vis son frère.
Le protagoniste profitera alors de propositions de son grand pote Kakeru (un vrai tombeur, lui) pour faire du speed dating. Après une courte rencontre (infructueuse !) avec une amie d’enfance, le joueur va avoir un certain nombre de choix apparemment anodins (aller aux toilettes ou continuer à parler avec la fille) mais qui en réalité conditionnent complètement la suite de l’histoire !
Par exemple « aller aux toilettes » vous envoie directement sur le chapitre de Mashiro, quand l’autre réponse fait avancer vers deux autres choix et ainsi de suite. Making Lovers a donc un arbre de choix à la fois très clair et qui suscite la curiosité. C’est assez amusant de tester tous les choix pour voir ce qu’il donnent, et cela permet de recommencer le jeu de manière assez confortable pour explorer toutes les fins et aller droit vers le platine.
Le titre d’Entergram a donc une structure de jeu dans laquelle vous ne fréquentez qu’une seule fille à la fois (alors que d’autres, de type plus « harem », mettent en scène toutes les filles du début à la fin). Une fois que vous finissez une « route », comme on appelle ça, le jeu balance les crédits de fin et vous reprenez à l’écran titre. Mais ce faisait, il y a beaucoup moins de répétition dans la nouvelle partie et c’est plutôt agréable pour faire l’aventure en entier. Making Lovers partait donc plutôt bien mais j’ai eu personnellement quelques problèmes avec l’écriture et l’orientation générale.
Héroïne de ma première partie, Saki est météorologiste. C’était assurément la meilleure histoire car l’humour était assez aiguisé. Le personnage principal part bosser dans la chaîne qui emploie Saki, et se retrouve sous le ordres de l’oncle de celle-ci, individu bourru mais son caractère direct pimente bien les dialogues entre le héros et Saki. Saki elle-même a au final plus de caractère, de background personnel et d’anecdotes que les autres filles. Un chapitre inégal mais à retenir.
Mes deux parties suivantes se font sur Mashiro et Reina. C’est là que le souci effleuré sur certains moments de l’histoire de Saki apparaît clairement : c’est bien trop banal. Mashiro est une gameuse extravertie ou Reina une idol à la langue de vipère. Avec un tel menu, on pouvait attendre pas mal de délire mais la progression est véritablement sans relief. J’ai plutôt l’impression que Making Lovers s’évertue à décrire des histoires d’amour au déroulement « réel », un peu comme un roman à l’eau de rose. C’est trop… normal. Ce n’est pas du tout ce je recherche dans un jeu vidéo, à plus forte raison de ce type. Le jeu vidéo doit pouvoir dépasser le cadre du réel pour aller vers le rêve, le fantasme, et le matérialiser sur un support concret. S’il ne fait que copier le réel, il n’apporte rien et c’est l’impression que j’ai eue sur Making Lovers.
Le héros peut aussi se lancer dans une relation licencieuse avec sa petite sœur (adoptée, évidemment). Mais là aussi, les dialogues tournent vite en rond et le jeu déroule le même type d’aventure au rythme profondément logarithmique. La banalité globale se ressent dans les illustrations, et même si le jeu échappe à la censure, il n’y a pas grand chose à voir. Les images et les situations sont… normales.
Sans relief, c’est la critique qui s’applique globalement à Making Lovers malgré un character design et une structure de jeu adéquats. C’est je pense un autre genre de visual novel, plus posé et destiné à plaire aux amateurs de romance pure sans artifices. Le manque d’inventivité des dialogues et le manque de fantaisie des situations décevra les fanas de productions « harem » classiques.
+ Bon design
+ Système de progression clair + Vraie rejouabilité |
– Dialogues généralement plats
– Histoires peu inventives – Illustrations plutôt quelconques |
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