[Test] YU-NO: A Girl Who Chants Love at the Bound of this World

Développé par le studio 5pb. Games (Steins;Gate, Ever17, Robotics;Note), YU-NO : A Girl Who Chants Love At The Bound Of This World (qu’on abrègera en YU-NO pour le reste de la critique) est en réalité un remake du jeu du même nom sorti en 1996 par le studio Elf (Dyoukusei, la série des Dragon Knight). YU-NO est considéré, pour beaucoup d’artistes et d’auteurs dans l’industrie du visual novel comme l’un des plus grands jeux de tous les temps. Pour dire, c’est le jeu qui a poussé Jun Maeda (Studio Key [Clannad, Little Busters]) à créer son propre studio de visual novel et les développeurs de Steins;Gate n’ont jamais caché leur inspiration pour leur série de jeux.

Un classique donc et ce remake sorti en 2017 a même eu droit à une localisation anglaise officielle en 2019 par Spike Chunsoft sur PS4, Nintendo Switch et PC. La version PS Vita reste malheureusement une exclusivité japonaise et évidemment, comme j’aime la difficulté, je m’y suis attelée.

[Test réalisé sur une version japonaise fournie par Play-Asia]

Synopsis

Takuya Arima est un étudiant faisant face à la mort récente de son père dans des conditions mystérieuses. Il reçoit un jour un colis étrange accompagné d’une lettre écrite par son père. Ce dernier fait part à son fils de l’existence de réalités parallèles découvertes durant ses recherches.

En possession d’un appareil permettant de voyager dans des dimensions parallèles, Takuya commence à se demander si son père n’est pas encore vivant, quelque part dans une autre dimension. Mais à rechercher la vérité, notre héros ne risque-t-il pas de se perdre ?

Personnages

Les personnages de Yu-No

Je suis une grosse flemmarde alors je vous mets le schéma directement piqué sur le site de l’éditeur. Sachez juste que comme dans n’importe quel eroge/galge classique, on y retrouve plusieurs routes consacrées à des demoiselles. Cependant, la romance est loin d’être prioritaire.

Gameplay

En gros, c’est ça. X1000

La particularité de YU-NO est de ne pas être un visual novel classique dans lequel on voit s’enchainer des dialogues plus ou moins intéressants. Le jeu se rapproche en effet beaucoup plus des jeux d’aventure interactifs où le joueur est amené à réaliser un certain nombre d’actions (discuter, observer, analyser) et ces dernières se complexifient une fois le prologue passé. S’inspirant des jeux Point and Click populaires dans les années 90 (ne pas oublier que YU-NO est sorti originalement en 1996), 5pb. Games n’a pas touché au système original, se contentant de moderniser l’interface.

En résulte une impression de répétition un peu lourde au départ, surtout si on est pas habitué à ce type de jeu. Il faut en effet parfois cliquer plusieurs fois de suite sur un lieu, parler plusieurs fois à une personne pour que l’histoire puisse continuer.

Ainsi, Takuya (le héros que vous incarnez) peut se déplacer dans différents lieux, interagir avec des personnes, consulter des documents et objets essentiels pour son enquête, le tout dans la grande habitude des jeux du genre. Là où YU-NO innove, c’est dans sa capacité à combiner le Point and Click au visual novel, proposant une expérience vidéoludique originale (même si les mauvaises langues vous diront que ça augmente drastiquement la durée de vie). Il existe en effet énormément de possibilités et de variations dans les scènes selon ce qu’on fait.

De même, le jeu possède un système de sauvegarde assez particulier : vous ne pouvez sauvegarder qu’à certains moments du jeu en utilisant des pierres précieuses que vous récupérez durant l’aventure. Bien évidemment, tout cela n’est pas anodin et justifié au niveau du scénario. La seule sauvegarde autorisé est une « save state » que vous pouvez effectuer à tout moment afin de reprendre votre partie.

Le jeu se dote évidemment d’un flowchart vous montrant le chemin parcouru et les embranchements qu’il vous reste à découvrir. C’est à partir du flowchart que vous pouvez « déposer » les pierres précieuses de sauvegarde.

En chargeant une partie, on découvre également le pourcentage de complétion de scènes du jeu. Tout le mécanisme du jeu tourne autour de ce flowchart et une fois une des fins principales obtenues, vous retournez au point de départ, avec nos pierres précieuses et dotés de nouveaux items et indices. En effet, même si Takuya et les autres personnages n’ont plus aucun souvenir, vous en revanche, avez la possibilité de nouvelles actions.

Graphismes

C’est probablement le seul point réellement inédit, à savoir la refonte totale du jeu original avec un nouveau chara-design (signé Ryou Nagi, chara-designer de la série des Air Tornelico) et moteur de jeu. Ce qu’on peut dire, c’est que 5pb. Games a mis le paquet sur ce remake avec un jeu des perspectives et un dynamisme des dialogues qui atteint la perfection.

Le seul point qui chagrinera sont les perspectives un peu « osées » durant les CG, ce qui a valu au jeu d’être censuré sur consoles en Occident. Dommage, d’autant plus que le propos de YU-NO est bien ailleurs.

Quand YU-NO se révèle être un précurseur

Demandez à n’importe quel scénariste de visual novel, la quasi intégralité vous parlera de YU-NO comme d’un chef d’oeuvre. Pourtant, Hiroyuki Kanno, l’homme derrière l’histoire n’est plus là pour témoigner puisque décédé brutalement en 2011. Il avait, en 1995 signé le scénario d’un autre visual novel tout aussi culte : Eve : Burst Error. YU-NO marque sa collaboration avec le studio Elf qui avait déjà, en 1992, surpris toute l’industrie du jeu video avec Doukyuusei, premier grand jeu de drague à se vendre à plus de 100,000 exemplaires (ça ne s’invente pas).

Les années 90 voient l’arrivée du super CD et le visual novel connait sa petite révolution avant de connaître son point culminant en 1996 avec la sortie de YU-NO. Le jeu est à l’origine un eroge mais sa sortie sur Sega Saturn le fait découvrir au grand public et accessoirement en fait le plus grand visual novel de son époque. Le mélange de genre, autant dans le gameplay que dans le scénario fait mouche auprès des joueurs.

D’ailleurs, ceux qui ont joué à Steins;Gate trouveront beaucoup de similitudes au niveau de la thématique du jeu. C’est normal, les petits gars de chez 5pb. Games n’ont jamais caché leur amour pour YU-NO et ce n’est finalement pas une surprise de voir le studio derrière ce remake.

De même, l’énorme engouement pour les histoires de dimensions parallèles (coucou Re:Zero) trouve son origine dans YU-NO et si les gens ont fini par en avoir marre, il faut bien reconnaître que diverses oeuvres – manga, light novel, animés – n’ont décidément rien inventés. A vrai dire, beaucoup de scénaristes de l’industrie visual novel n’hésitent pas à dire que sans YU-NO le genre n’aurait jamais connu un tel développement puisque le jeu inspirera les artistes au-delà même de son support d’origine.

Un héritage pour l’histoire du visual novel

Annoncé en 2014, le remake de YU-NO s’est fait attendre avant de pointer son nez en 2017 sur PS4, PS Vita et PC (puis sur Nintendo Switch en 2019).

L’exercice est délicat mais nécessaire puisque le studio Elf a fermé ses portes en 2015 et qu’il est impensable que le public oublie l’existence d’un jeu qui a façonné la culture populaire japonaise et visual novel. Les retours de la presse et des joueurs ont été unanimes. Si une première version anglaise (non-officielle) était déjà sortie en 2011, la sortie internationale a réparé l’absence du jeu dans la visualnovelthèque des joueurs occidentaux.

Force de constater que d’un point de vue narratif, YU-NO n’a pas pris une seule ride. Couplé à un gameplay complexe, la structure narrative du jeu étonne par ses possibilités offertes au joueur et sa capacité à toujours le surprendre. Force est de constater que les années n’ont pas entachés les qualités du jeu et que l’ultime chapitre n’est que le début de l’aventure de Takuya.

Conclusion

J’avais très souvent entendue parler de YU-NO depuis mes débuts dans les visual novels. Une fan-traduction avait même vue le jour en 2011 et j’avais hésité à m’y lancer. Je veux dire, même Jun Maeda n’arrêtait pas d’en faire des éloges et vu le nombre d’auteurs dans l’industrie revendiquant leurs inspirations du jeu, il était inconcevable de passer à côté.

Pourtant, j’ai attendu bien longtemps avec de m’y lancer, en 2020 et avec la version remake sur PS Vita. Alors que la France vivait son second confinement, je me suis alors lancée dans l’aventure, un peu à l’aveugle et sans trop d’attentes spécifiques. Même l’aura de chef d’oeuvre autour ne m’a atteint jusqu’à la fin de la première route où j’ai réalisé à quel point le jeu était incroyablement dingue. Et je n’avais rien vu à ce moment-là.

Yu-No PS Vita

Alors, certes, le titre a des défauts : son système de jeu est tellement complexe que ça en devient laborieux. Personnellement, l’agacement est plutôt venu de certaines mécaniques pour débloquer certains moments que je trouvais absolument pas logique. Plus encore qu’un gameplay qui est au final bluffant dans sa construction, c’est le fan-service assez discutable qui vient plomber le jeu. Et quand je dis plomber c’est qu’on a droit à des plans assez sexy et génants (sans parler de certaines actions qu’on peut mener…) qui parsèment le titre et le desserve. Personnellement j’ai réussi à passer outre parce que l’histoire était tellement dingue mais j’imagine bien que ces scènes hors-propos n’apportent rien à part titiller les joueurs.

Pourtant, il m’a été difficile de décrocher de YU-NO. L’enquête passionnante menée dans les différentes routes est mise en valeur grâce au gameplay et on prend plaisir à découvrir comment débloquer certaines situations en récupérant de nouveaux items ou tout simplement en parlant à des personnes différentes. Le jeu propose un grand nombre d’actions possibles et j’ai trouvé ça assez dingue. On a tellement l’habitude des visual novels dirigistes qu’on décroche difficilement une fois lancé.

YU-NO est-il un must-play du visual novel ? Complètement ! Sa richesse narrative et complexe en font un jeu qui encore aujourd’hui est loin d’être obsolète. En faisant fi du fan-service un peu graveleux, il serait dommage de passer à côté d’un des plus grands visual novels jamais sortis au Japon.

YU-NO : A Girl Who Chants Love at the Bound of this World

8.9

Histoire

10.0/10

Graphismes

8.0/10

Gameplay

9.5/10

Bande sonore

7.0/10

Durée de vie

10.0/10

Les plus

  • Une histoire fascinante aux possibilités multiples
  • Une intrigue menée d'une main de maître
  • Un système de jeu original qui met à contribution le joueur

Les moins

  • Un fan-service ABSOLUMENT PAS nécessaire...
  • Un système de jeu parfois nébuleux sans guide
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Enid

Joueuse de visual novels et d'otome games.

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